LES BAS-FONDS. Les oubliés du monde

L’espace de jeu: un petit carré de lumière, sur l’immense plateau d’Ivry. Tout autour, à perte de vue, le noir.

Radeau ? ou les fins fonds d’un trou ? parqués là, à l’étroit, les oubliés du monde. 

Tout un peuple de “Pauvres Toms”. Pour ces abandonnés qui ont tout perdu, jusqu’à leur nom, ne reste que « l’homme dans sa nudité« .  

Puissance du texte de Gorki: c’est du sein même de ces oubliettes du Monde, qu’adviendra une parole inouïe, une pensée nouvelle, révolutionnaire, renversante

Préserver l’énigme du vieux vagabond, Louka, surgi dont on ne sait où, lequel viendra, à sa manière, à coup d’histoires et de mensonges, leur apporter à chacun un peu de lumière, avant de s’éclipser. 

A chacun de leur “Je vais boire un coup”, les personnages sortent hors de la lumière. A chaque fois, une petite mort. Et à chaque fois, un bref moment de suspens, sur le seuil, avant de plonger dans l’obscurité. Retentissent à ce moment-là les premières mesures de Stravinski, balancées à la limite de la saturation, sur leur court arrêt, juste avant de franchir la limite.

La dernière sortie de l’acteur avant sa pendaison, dans le vide noir du plateau, nous glace tous.

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